Parfois le coeur me point quand je songe à ce temps
D’il y a bien longtemps où j’étais jeune et belle.
Ma jeunesse-printemps a fui à tire-d’aile,
Emportant à jamais ma joliesse d’antan.
Le doux temps des beaux jours est si court, jeune femme !
Détruisant lentement ta beauté si fragile,
Les années en passant vont éroder ton âme
A force d’amertume. Oh ! Pourquoi tant soigner
Ton teint si velouté et un peu duveté,
Tel les pétales blancs des roses du jardin ?
Efforts tellement vains pour fuir et retarder
De ta grande beauté l’inéluctable fin !
Le printemps s’est enfui. Vient l’été, puis l’automne ;
Des replis parcheminent ta peau fraîche et fine
Dont l’ivoire nacré vire au gris puis au jaune,
Et le premier soleil te donne triste mine…
Une seule équité entre belles et laides :
A un certain moment le temps te défigure,
Quoi que tu veuilles faire ! Et toute beauté cède
A l’âge qui s’en vient : point de demi-mesure !