Les gavots

Poème illustré par un tableau de :

Aero Järnefelt
(1863-1937)

Dans les Alpes du Sud, au fin-fond des montagnes,
On souffrait autrefois d’une grande misère :
Terre infertile et nue, travail pire qu’au bagne,
Certains n’en pouvaient plus de leur vie plus qu’austère.

Quand ils désespéraient, ils choisissaient l’exil :
Pour trouver du travail, ils partaient par milliers
Vers Marseille, Avignon, ou toute autre grand’ville,
Même s’ils s’y sentaient simplement tolérés.

Pour ces gens enivrés d’espace et de grand air,
C’était un choix très dur. Et comme ils acceptaient
Comme un vrai don du ciel de tout petits salaires,
Les autres ouvriers souvent les haïssaient

En les considérant comme des concurrents.
Détestant leur patois, leur soif de réussir,
Leur détresse et leur foi, leurs pauvres vêtements,
Ils leur enviaient aussi le fait de savoir… lire* !

Les gavots s’en moquaient et ils travaillaient dur,
Car pour eux tout était mieux que leur vie d’antan.
Même si l’avenir leur paraissait peu sûr,
Ils s’acharnaient toujours, infatigablement.

* A cette époque, peu d’ouvriers savaient lire. D’où cette jalousie envers les gavots ( souvent protestants ) qui, eux, profitaient des longues nuits d’hiver en montagne pour apprendre

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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Une réponse à Les gavots

  1. De Jacques Bec : ” Oui les gavots ont été les premiers migrants qui ont répondu à l’industrialisation et au développement du port de Marseille notamment.Souvent petits paysans ou ouvriers agricoles, anciens charbonniers….Parfois même des “un peu plus fortunés ” tentaient leur chance.Mon arrière arrière grand-père, Jean-Louis Bec à ainsi tenu une boutique /bar rue des Fabres derrière le port (là où il y a maintenant l’arrêt des bus et le centre bourse). Certes Valensole n’est pas la montagne, mais le mot “gavot” par extension était utilisé pour quiconque venait de zones plus haut dans l’arriere-pays..D’une certaine manière on était toujours le gavot de quelqu’un !…et on avait aussi ses gavots…Merci par ton poème de rappeler cette tranche d’histoire…”Ils quittaient un à un pays,Pour s’en aller gagner leur vie..”

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