A Marseille, au printemps, les filles sont jolies,
Qui vont le nez en l’air et tout en balançant
Leur ravissant derrière. Un soleil caressant
Profite tant et plus d’une heureuse embellie
Pour cuivrer leur teint mat de femmes du Midi
Et leur donner l’aplomb de qui se sent très belle.
Au printemps, elles vont, marchant en ribambelles
Dans les rues de la ville où le temps reverdit
Les murets tristounets et le dessous des pierres,
En en faisant jaillir les minuscules brins
D’une herbe fruste et drue, comme faite d’airain.
A Marseille, au printemps, l’incroyable lumière
Régénère la vie des plantes, des Humains ;
Et les filles qui vont en ondulant des hanches,
Parées pour le soleil comme pour un dimanche,
Ne veulent point savoir ce que sera demain.
Elle marchent, c’est tout ! Elles se sentent belles
Sous les rais d’un soleil enfin réanimé.
Avec souvent l’aplomb de qui se sait aimé,
Elles vont à grands pas ; leur petit air rebelle
Désempare pas mal les cacous désoeuvrés
Qui, le corps chaviré, les sifflent au passage…
Mais sans s’aventurer : ils sont devenus sages !
Ne point importuner, oh non ! juste admirer…
A Marseille, au printemps, elles vont triomphantes,
Connaissant leur pouvoir, sûres de leur beauté ;
Et ne supportant plus la moindre privauté,
Elles sont libérées, plus hardies, moins méfiantes
Envers ces malotrus qui, bouffis de désir,
Crachent leur frustration sous de gros mots obscènes.
Mais les filles qui rient n’éprouvent plus de gêne
Face à ces malappris, vaincus sans coup férir…
Elles vont par les rues, elles vont par la plage
Où le soleil ravi caresse doucement
De ses rayons ambrés leur corps encor tout blanc ;
S’en étant, sans scrupule, accordé l’apanage !