Poème illustré par un tableau de :
Chardin
(1699-1779)
Tu t’ennuies, Marie-Laure, et il faut t’occuper !
Veux-tu que nous fassions des bulles de savon ?
Prends donc ce gobelet : nous allons préparer
Un ingrédient magique et qui sent vraiment bon
Le propre et le bébé. Il va falloir touiller
La poudre et l’eau tiédie… As-tu bientôt fini ?
Maintenant une paille où tu devras souffler
En pinçant joliment tes lèvres arrondies !
Vois comme il est gracieux, cet essaim irisé
Qui flotte au gré du vent ! Les bulles sont légères
Comme un peu de ciel bleu, comme gouttes de lait
Ou nuages bien ronds descendus sur la Terre !
La plus grosse est partie vers l’Ouest, à Salon :
Pourvu qu’elle ne se fasse pas bousculer
Sur la Base aérienn(e) par l’un de ces avions
Y vrombissant sans cesse, à longueur de journée !
Celle-ci va vers Aix ! Cette autre à Cavaillon !
Si tu souffles plus fort, elle va s’envoler
Jusqu’aux rives du Rhône et le pont d’Avignon,
Emportant au lointain l’âme de tes baisers.