Le soleil rayonnant sur Belsunce, à Marseille,
Tachetait les murs gris de macules vermeilles
Pour en cacher la crasse et toute la misère
Quand il comprit enfin où était la galère :
Jamais il ne pourrait rendre beau ce quartier
Sans un bon coup de pouce : il devait être aidé !
Le printemps qui badait s’en vint à son secours ;
C’est sa douce manie : il débordait d’amour
Et, étant désoeuvré, tout prêt à dépanner ;
Et comme il transportait des graines par milliers
Il les dissémina partout sur les taudis…
Un grand prodige eut lieu, dont chacun s’esbaudit :
De chaque coin crasseux, du fin-fond des égouts,
Explosèrent des fleurs jaillissant de partout,
Transformant le quartier en paradis terrestre :
Belsunce tout semblable à un décor rupestre !
Corolles parfumées et lianes en folie
Grimpant en s’agrippant au linge de la nuit
Séchant sur les balcons ; feuillages colorés
Issus en un instant de mondes enchantés ;
Un Eden merveilleux que l’astre imperator
Enjoliva encor de ses paillettes d’or.
Alors les citadins, heureux et enchantés,
Se prenant par la main se mirent à danser…