Poème illustré par :
Jacques Testa
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Là-haut dans la montagne à côté d’Enchastrayes
Une masure noire hérissée d’herbes folles.
Y vit un petit homme à la vaille que vaille,
Un vieil homme tout gris qui dit s’appeler Paul.
Personne ne sait trop comment il peut rester
Aussi seul et perdu en un tel dénuement.
Il s’abreuve à l’eau bleue jaillissant des rochers
Et s’il mange parfois, nul ne sait trop comment.
Il est dépenaillé, échevelé, hagard,
Une barbe d’argent lui mangeant le visage.
Personne n’a jamais pu croiser son regard,
Un regard bleu saphir perdu dans les nuages.
On ne peut lui parler, il est presque muet,
Se détournant de vous dès que vous approchez.
On ne sait qui il est, l’hiver il disparaît
Pour mieux réapparaître au cours du mois de mai.
Et nous nous demandions souvent qui il était
Quand nous l’avons surpris au détour d’un chemin :
A genoux sur la terre et radieux, il priait,
Un gros chapelet brun enroulé à la main.