Voici donc revenu le temps des feuilles mortes.
Le soleil s’affaiblit ; l’hiver à notre porte
S’en va rallier bientôt ses sinistres consorts :
Le vent, le froid, la pluie… Sans plus aucun ressort,
Les feuilles anémiées se balancent tout doux,
Parées par les frimas de jolis reflets roux ;
Et puis se détachant des arbres avec grâce,
Elles quittent leur nid dès la première glace
Et tout en tournoyant – ballerines légères –
Elles vont en dansant se poser sur les pierres
Du chemin s’accrochant au flanc de la montagne.
Une valse alanguie qui souvent s’accompagne
D’un tout dernier sursaut au moment de toucher
Le sol gris raboteux. D’aériens ricochets,
Deux ou trois bonds encor, et elles rendent l’âme :
L’automne a étouffé la minuscule flamme
De leur petite vie fugace et végétale.
Il leur suffit d’un rien, d’une brise automnale
Pour en un seul instant s’envoler vers la mort.
Ne vivre que six mois ! Epouvantable sort…