Poème illustré par un tableau de :
Paul Cézanne
(1839-1906)
On l’a toujours vu sur ce banc.
Il y est depuis tant de temps
Qu’il y est sans doute soudé.
Immobile, il voit, il se taît.
Son visage est de marbre sombre,
Et tout tavelé par les ombres
Des années qui l’ont buriné.
Immobile, il voit, il se taît.
Il est sans doute fait de pierre,
Il est si gris et si austère,
Restant des heures sans bouger.
Immobile, il voit, il se taît
Peut-être qu’il a deux cents ans ?
On ne sait trop ce qu’il attend :
Celui qui meurt, celui qui naît ?
Immobile, il voit et il sait.