Poème illustré par un tableau de :
William Turner
(1775-1851)
Depuis des jours, depuis des nuits,
Le vent mugit à la folie !
Ses rafales montent, descendent,
En se succédant sur la lande
Comme des hordes en furie.
Tout ce chahut et tout ce bruit,
Depuis des nuits, depuis des jours…
Va-t-il gueuler ainsi toujours ?
Car même au creux de nos maisons,
Tous volets clos, nous entendons
Ses bataillons qui se déchaînent,
Vocifèrant à perdre haleine
Sous l’immense ciel bleu foncé.
La terre tremble, épouvantée ;
Pas un temps mort, pas une pause
De ces tourbillons qui explosent
Sur la Provence médusée
Qui n’en peut plus de s’étonner :
Elle connaît bien son mistral
Mais cette fois, c’est anormal
Qu’il dure ainsi, aussi longtemps.
Elle n’est plus que vent, que vent
Qui brutalise et qui secoue
Le Midi, à le rendre fou.