Poème illustré par un tableau de :
Ferdinand Georg Waldmüller
(1793-1865)
Quelquefois je me dis que, de ce ventre-là,
Neuf êtres sont sortis ! Que de ma propre vie
Sont issus trois enfants qui eurent tous envie,
Comme je l’avais fait, d’aller bien au-delà
De leur propre existence ! Et j’en reste songeuse…
Ressemblé-je à un arbre avec ces neuf rameaux*
Tous éclos de mon corps ? Lignée mystérieuse
Dont je suis la relève… Existe-t-il un mot
Pour désigner la place occupée par chacun,
De rejet en rejet, dans cette suite humaine ?
Tous ces gènes communs passés par ces défunts
Dont nul ne se souvient : une si longue chaîne
Qui vient du fond des temps, formant une famille !
Une file d’humains tous à la queue leu leu,
Même si le Destin parfois les éparpille,
Mais qui sont les relais d’un long cours fabuleux…
Se dire qu’on transmet pour un futur risqué
Ce fragile témoin, quelle idée fascinante !
Et qu’il faut ces aïeux pour qu’une femme enfante :
Un grand mystère humain toujours inexpliqué…
* Puisque chacun en a eu deux !!!