Quand le soir tombe vers six heures,
Félix devient fou. L’on prend peur
A le voir tout à coup sauter
De table en fauteuil, déchaîné !
Ceux qui ne le connaissent pas
Se mettent à craindre mon chat
Quand ils voient ce petit barjo
Se muer en affreux jojo !
Mais il est comme tous les autres,
Le tien, le sien, et puis le vôtre :
Les chats ont tous un bon quart d’heure
De folie en vingt-quatre heures !
Ils tournent, virent, dégringolent
Du haut des meubles, cabriolent,
Et font valser tous vos papiers,
Excités, furieux et fêlés !
Parfois calmés un court instant,
Ils se lèchent abondamment,
Puis ils s’envolent de plus belle
Comme s’ils étaient pourvus d’ailes…
Et d’un seul coup, c’en est fini
De l’incroyable frénésie.
Tout raplaplas et flagadas.
Ils s’écroulent en petit tas :
Pendant leur quart d’heure effréné
De petites bombes cinglées,
Ils ont épuisé leurs accus
A jouer aux hurluberlus !
Oui ! Les chats ont tous un quart d’heure
De folie en vingt-quatre heures.
Mais il ne faut pas vous leurrer :
Vous ne pourrez rien y changer !