Quand il est vraiment sûr qu’au loin tout s’est éteint,
Quand le soleil n’est plus qu’une ligne de feu,
Il sort tout doucement et se promène enfin,
Discret et délicat, toujours silencieux.
Il marche à petits pas, puis repart et s’arrête
Pour pouvoir respirer les parfums du jardin
Surfleuri pour ces morts qu’on honore et qu’on fête.
Il rôde dans l’allée une odeur de jasmin !
Il se fatigue vite et son pas est très lent
Comme s’il lui fallait actionner des rouages
Pour mieux se déplacer. Et presque transparent,
Son reflet est ténu comme l’est son image
Sur sa tombe, là-bas, jonchée de chrysanthèmes.
Il est très fatigué, de plus en plus léger…
Il sait depuis longtemps que les Humains qui l’aiment
Le croient anéanti. Mais il lui faut rentrer…
Dans les larges allées du vaste cimetière,
D’autres tristes rôdeurs flottent au gré du soir.
Il se décide alors, et, pleurant sa misère,
S’en retourne dormir sous son froid marbre noir.