Bien au-delà d’Allauch, là-haut sur la colline,
Il est un joli bois que fréquentent les Dieux,
Tous les Dieux de l’Olympe ! Et l’aube tourmaline
Résonne à la folie de leurs cris et leurs jeux.
C’est un lieu enchanté non loin d’Aix en Provence
Où court un ruisseau clair étincelé d’argent,
Dont les eaux pailletées ont la luminescence
Du ciel à l’infini dans un regard d’enfant.
Les arbres y sont bleus ; la mousse y est dorée,
Laineuse et rebondie comme un épais tapis
Tissé pour le bonheur et pour la volupté.
Les Dieux y font la sieste, y font l’amour aussi…
Ils chantent en riant et boivent la rosée
Enclose au coeur des fleurs enivrées d’un soleil
Qui ne les brûle pas : lumière tamisée,
Car sur le petit bois le gros astre vermeil
Sait contenir sa fougue et son envie de mordre.
Les déesses au bain ont mouillé leurs cheveux,
Et leurs mains déliées qui s’emploient à les tordre
Ressemblent à des lys aux pétales laiteux.
De grands oiseaux siffleurs, turlutant à tue-tête,
Fêtent comme il se doit le joli petit bois ;
Et le peuple divin à trop faire la fête
Y oublie bien souvent les règles et les lois.
Il s’étend quelque part pas bien loin de la ville,
Mais seul peut le trouver un poète au coeur pur
Qui sait l’imaginer. Un petit bois fragile
Qui ne saurait survivre en un monde si dur…