Poème illustré par :
Ousmane Sow
Souillé par l’âge et la poussière,
Se dresse le haut monument
Elevé après la Grand’guerre
Mangeuse d’enfants et d’amants.
Une immense femme d’airain
Enlace un grand soldat qui dort ;
Elle a posé ses longues mains
Sur le front glacé par la mort
D’un homme encor jeune et barbu
Et que le ciseau du sculpteur
A représenté presque nu.
Soustraits au temps profanateur,
Depuis presque un siècle ils sont là
Et l’on s’y est habitué.
La guerre, la mort et tout ça,
C’est tous les soirs à la Télé …
Mais un jour quelqu’un a hurlé
Car le soldat n’y était plus ;
Son corps tout désarticulé
Avait bel et bien disparu !
Il ne restait sous les deux mains
De la femme désespérée
Que la statue nue d’un gamin,
Le bébé qu’il avait été.
Sur les genoux gris de la mère
Ne restait plus que l’effigie
D’un enfant. Mort à la guerre,
C’était celle de son petit…
Alors le passant s’est enfui