Poème illustré par un tableau de :
François de Nomé
(1588-1623)
Avant que le ciel noir ne se vête de bleu,
L’horizon surligné par une ligne orange
Dégage de sa gangue une planète étrange
Transformée par la nuit en monde fabuleux.
Les rêves sont éteints, supprimées les chimères
Du noir pays des fées, des djinns et des sorciers.
Le jour tonitruant s’en va les licencier
Et les rejeter tous bien loin de la lumière
Qui ne sied point du tout aux diableries d’antan.
L’aube parée de rose abolit le mystère
De ces mythes déments persistant sur la Terre,
Grand’peur indéfinie venue du fond des temps.
Cauchemars effacés et sombres créatures
Retournées dans leur monde atroce et cabossé :
Les rayons du soleil sont là pour repousser
Vers l’enfer de la nuit toutes ces impostures.
Le jour tout en fanfare a gagné, et l’été
Qui triomphe se rit des fantômes nocturnes.
Il va faire très beau ; la lumière diurne
Va gommer les phobies d’un monde tourmenté.