Poème illustré par :
Chaïm Soutine
http://fr.ulike.net
Il y a bien longtemps, au fond du val d’Enfer
Rongé par le soleil et l’excès de lumière,
Dévoré par le gel et mangé par le vent,
Un misanthrope fou, un certain Pierre Armand,
Erigea un mas sombre où seule la tristesse
Semblait prédominer – Son unique maîtresse !
Maison tout en hauteur qui telle une vigie
Décelait au lointain l’Inconnu, l’ennemi …
C’est un lieu inquiétant où de funestes ondes
Rôdent, miasmes mauvais influant à la ronde.
Pas un seul villageois n’aime s’en approcher
Car on dit que le Mas des Pegins est hanté.
Parfois quand le soir tombe aux entours de l’automne,
Quand le ciel peu à peu se strie de reflets jaunes,
Une silhouette grise apparaît, transparente,
Un être effiloché qui pleure et se lamente
En tendant vers l’intrus ses bras décomposés.
Et tous ceux qui l’ont vu sont si épouvantés
Que pas même un trésor ne les ferait fléchir :
Rien ne pourrait jamais les faire revenir
Auprès de la maison si triste dans le val !
Tout autour la garrigue est blanche et bien trop pâle
Et ses pierres séchées ressemblent à des os
Car il n’y pleut jamais, pas une goutte d’eau !