Autrefois à Riez au temps de Pentecôte
Avait lieu au village une fête guerrière :
Simulacre couru par la région entière
Vaguement au courant d’une histoire vieillotte
Presqu’oubliée de tous mais à commémorer.
Après avoir construit une sorte de Fort,
On formait donc deux camps : les Chrétiens et les Maures ;
Les bourgeois du pays jouaient les chevaliers ;
Quant aux faux Sarrazins portant une cocarde,
Ils y étaient parqués pour subir les assauts
Des autres villageois. Cachés par des rameaux,
Ils s’y tenaient terrés pour la grande Bravade.
La poudre tonnait donc à pleins barils entiers ;
Tous les belligérants y allaient de bon coeur,
Evitant cependant l’abominable erreur
De blesser ou tuer un autre… « pour de vrai » !
Quand le Fort était pris, on y mettait le feu ;
Puis les Maures vaincus étaient faits prisonniers
Et menés à grands cris harnachés et liés
Jusqu’au coeur de Riez, déconfits et honteux,
Et tout se terminait par un joyeux banquet …
On montait le lundi auprès de saint Maxime
Pour le remercier d’être aussi magnanime
Et d’avoir évité que quelqu’un fût blessé.
En lui couvrant le chef de son propre bonnet,
Le Commandant d’alors nommait son successeur ;
Si l’homme était d’accord, il tirait plein d’ardeur
Un grand coup de fusil qu’on appelait : « le pet » !