Poème illustré par un tableau de :
Albrecht Dürer
(1471-1528)
Il y a des jours où l’on a le coeur
Qui bat de guingois. Un coeur en écharpe
Et désaccordé, tout comme une harpe
Aux accords rompus. Qu’un peu de langueur
Rend juste un peu las – un tout petit peu !
Sans savoir pourquoi, l’on se sent morose…
Parce qu’on plaint trop cette jolie rose
Qui fane tout doux ? Ou ce petit feu
Qui pousse un soupir avant de mourir
Dans la cheminée ? Légère tristesse
Sans nulle raison, qui pourtant le blesse
Avec grand’douceur, sans grand coup férir.
Un coeur en écharpe, un coeur de guingois,
Souffrant juste un peu que la vie qui passe
L’use toujours plus, y laissant des traces
Un peu trop en creux, comme à chaque fois
Qu’il s’émeut trop vite, enclos dans son corps.
C’est au moindre spleen un coeur trop fragile
Qui se désaccorde. Un coeur indocile
Qui bat de guingois s’il bat un peu fort.