Poème illustré par un tableau de :
Alfons Mucha
(1860-1939)
L’automne est raffiné, avec sa longue écharpe
De brouillard et d’odeurs, de feuilles et de vent ;
L’automne est musicien, qui effleure sa harpe
Pour mieux ensorceler ses dociles amants.
Car ils sont très nombreux, ces amoureux fidèles
N’attribuant qu’attraits à la douce saison
Qui fait virevolter en lèges* ribambelles
Les feuilles dentelées jusqu’au toit des maisons.
L’automne est un artiste, empourprant tant la vigne
Qu’elle prend la couleur écarlate du sang,
Quand de longues traînées blanchâtres égratignent
Un dernier ciel d’été d’un bleu ahurissant.
L’automne aquarelliste éclabousse les feuilles
De taches bariolées allant de l’or au roux.
C’est un peintre avéré, dont le pinceau effeuille
Le fouillis d’un décor le gênant peu ou prou
Tant il est encombré de détails inutiles,
Comme drageons trop verts ou rameaux trop feuillus.
L’automne est tolérant, mais il n’est pas hostile
Au fait de se lester de détails superflus.
L’automne est créateur, et sa sage élégance
Précède la rigueur de son frère l’Hiver.
Il colorie le Temps. Sa seule extravagance ?
Garder sur son chapeau quelques touches de vert…
* lège : léger en langage poétique.