Poème illustré par un tableau de :
Cézanne
(1839-1906)
Le village repu étouffé de chaleur
Dort au mitan du jour, plongé dans la torpeur
D’un été bien trop chaud. Rien ne paraît vivant
Tant ce grand étouffoir pèse comme un carcan.
C’est la sieste, tout dort. En ce trente et un août
Les ultimes beaux jours s’écoulent goutte à goutte.
Cependant on s’inquiète, on est très vigilant
Car le mistral peut naître et fondre en un instant
Sur la lande assoiffée. Et l’on craint le réveil
Du feu dans le maquis ravagé de soleil,
S’embrasant en éclair comme une étoupe rousse.
On avait bien raison. La quiétude bascule
Quand beuglant son appel une sirène hulule
Pour hurler aux vivants qu’ils ont la mort aux trousses.