La tricoteuse

 Poème illustré par un tableau de :
Jacob Maris (1869)

Soir et matin Aimée tricote,
– Et piqueti et piqueta –
Elle se sentirait en faute
Si ses doigts ne fonctionnaient pas :

« Ne reste donc pas sans rien faire ! »,
Disait sa mère à la fillette,
Et depuis chacun s’exaspère
De ce bruit d’aiguilles qui cliquètent !

Mais comme elle a tout tricoté :
Chaussettes, pulls, bonnets et gants,
Depuis quelques temps pour changer,
Suivant les suggestions du Vent,

Aimée tricote la Nature :
Ici des bribes de mistral
Et quelques filaments d’azur
Tirés du ciel pur en cristal ;

De la mousse pour le point mousse ;
Elle y enchevêtre parfois
Les nervures des feuilles rousses
De l’automne qui brûle aux bois,

Des pétales de fleurs coupées
Et de souples lianes sauvages,
Puis quelques gouttes de rosée
En broderie sur son ouvrage …

Elle tricote, elle tricote,
Et les aiguilles ensorcelées
Cliquent, pinçotent et picotent
Les doigts fins de la belle Aimée.

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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