La rousseur de l’automne enflamme la Provence
D’une gamme dorée dont la munificence
Eclabousse les champs et enfièvre les bois.
Mais le soleil s’endort, et l’été aux abois
Perd son intensité de grand fauve brutal.
Dans le fond du jardin assoupi, le canal
Est jonché tout au long des barquettes légères
Des feuilles du sorbier. Le parfum de la terre
Légèrement mouillée flotte dans les allées ;
Mais l’odeur du jasmin s’en est, hélas ! allée
Errer par les chemins des souvenirs éteints.
Le soleil se délite : on le dirait déteint
Car il est pâle et mou sous la voûte stellaire
Où passe un vol d’oiseaux, pareils à des chimères
Tant ils sont silencieux dans le souffle du vent.
Ils nous quittent déjà, et il s’en vont, suivant
Leur instinct ancestral , vers un Sud fort lointain.
Notre Midi est roux, mais son ciel en étain
Est de couleur maussade. Et le soleil en berne
Qui se modère enfin a un éclat bien terne…