Poème illustré par un tableau de :
Albert Anker
(1831-1910)
Debout devant le portillon,
La petite fille de novembre
Est revenue à la maison
Et elle n’en peut plus d’attendre…
On dirait qu’il n’y a personne
Pour l’accueillir. Et c’est en vain,
Qu’elle sonne et sonne et resonne :
Mais nul n’entend, et le jardin
Dont elle traverse la porte
Est sale et grisailleux, jonché
D’un fatras gris de plantes mortes,
Mortes comme elle fin juillet.
Tout y est triste à en mourir,
Complètement à l’abandon.
Alors poussant un grand soupir,
Elle sait enfin où ils sont :
Partis sans doute au Grand Saint Jean*
Sans deviner qu’elle est Ailleurs,
Sa soeur, son frère et ses parents
Anéantis par la douleur…
La petite fille de novembre
Se met à caresser son chat
De sa main transparente et tendre,
Devinant que lui seul saura
Qu’elle est rentrée à la maison.
Sa robe rose est défraîchie
Et délavée par les saisons,
Mais maintenant qu’elle est ici,
Sa petite ombre inconsistante
Va tout ramener à la vie
De sa présence bienfaisante ;
Et l’on serait vraiment surpris
De savoir qu’elle est toujours là.
Seul un sage le sait : son chat !
* Cimetière paysagé près d’Aix