Blanche cette page où j’écris.
Blancs ces flocons qui tourbillonnent
Et, se posant sur la Bléone,
S’y dissolvent sans aucun bruit ;
Sans aucun bruit, comme ma plume
Forgeant à l’ancienne ces vers
Qui voudraient dépeindre un hiver
Où tous les matins se rallument
Les éclairs blonds d’un froid soleil
Sur les monts roses qu’il éclaire.
Comment, Neige, peux-tu parfaire
Plus encor l’aurore où l’éveil
De la lumière exalte tout ?
Je me suis levé* de bonne heure,
Quand l’inspiration est meilleure ;
Mais c’est la déception, surtout,
Qui me fait gommer cette page.
Je n’écris rien, pas un seul mot
Ne me convient. Et ce chromo
Où l’exagération fait rage,
Je l’efface implacablement
Tant le style en est pitoyable.
Car ce charme indéfinissable,
Dont je me sens un peu l’amant,
Je n’en peux altérer la grâce
Avec des mots trop incongrus.
Et c’est en poète vaincu
Que je vais rejoindre la masse
De ceux que la beauté foudroie…
Sur Saint-Jurs, le ciel gris poudroie.
- LE poète ! Je suis comme Dimash le chanteur : ni homme, ni femme. Lui quand il chante, moi quand je “poème” !
La hantise de la page blanche à noircir…