La fille du Soleil vivait non loin des Baux
Tout au fond d’une grotte, et n’en pouvait sortir
Que les jours de grand’pluie, en été ; c’est à dire
Rarement au mois d’août où il fait toujours beau.
On l’avait enfermée depuis ce jour affreux
Où, courant dans la lande, elle avait enflammé
La garrigue et le val, après avoir défait
Sa tresse entremêlée de lumière et de feu,
Allumant autour d’elle un énorme incendie.
Elle était donc punie pour sa légèreté
Jusqu’à ce que la Lune accepte de l’aider,
Ne s’accommodant plus de ses pleurs et ses cris.
Malgré les cris d’orfraie de l’auteur de ses jours
Qui se défiait pas mal du bon sens de Pyra,
La Lune lui coupa les cheveux, les rasa,
Et lui recommanda de les garder bien courts.
Mais las ! La jouvencelle les laissa repousser ;
Et telle un farfadet pétri de malveillance,
Pyra bouta le feu n’importe où en Provence
En galopant partout, par les bois et les prés,
Tournoyant dans le vent, ses cheveux embrasés
Communiquant leur flamme aux fourrés alentour.
La fille du Soleil, tel un fléau qui court,
Ravagea le Midi tout au long de l’été.