A Pierrelatte, il est un lieu
Tel une jungle sous les cieux
De la Provence. Un monde clos
Aux airs trompeurs de pays chaud.
Y gisent les corps immobiles
De mastodontes-crocodiles
Comme des rochers monstrueux ;
D’énormes sauriens écailleux
Qui pas une patte ne bougent
Dans la vague lumière rouge
D’une aube de début du monde
Sous une fausse lune ronde.
Ils sont ainsi plusieurs centaines,
Pitoyables croquemitaines
Parqués là pour être exposés
A la vaine curiosité
De gens tout heureux de frémir
Et contempler ainsi gésir
Ces reptiles issus des Ages.
Un effroyable et beau mirage,
Un spectacle du fond des temps
Et qui ramène aux jours d’antan
L’Humain pitoyable et fragile
Qui ne se sait que fait d’argile…
Soudain, étonnamment véloce,
Un monstre plonge dans la fosse
Bouillonnant comme un maëlstrom :
Il fait hurler les petits d’Homme,
Puis ils applaudissent ravis
Et s’esbaudissent à grands cris…
*26270 Pierrelatte