On était le vingt juin, au début de l’été.
Avec Aude et Martin on avait décidé
D’aller pique-niquer plage de Samena.
Je sais, c’est interdit : ne le dites donc pas !
L’accès en est ardu. Mais fort heureusement
Nos sacs étaient légers et nous avions vingt ans !
Et nous y étions seuls. Les autres Marseillais
Devaient être au Prado, en foule et entassés !
Des rochers tout en vrac, une plage de sable !
Nous avons déballé, nous sommes mis à table,
Tout heureux d’être seuls face à tant de beauté.
Et seulement pour nous, la Méditerranée !
Le temps nous paraissait très sûr et sans problèmes.
N’était-ce pas l’été , et tout neuf, du jour même ?
Bien sûr le ciel au Sud était taché de roux,
Mais nous n’y songions pas, inconscients, un peu fous…
C’est arrivé d’un coup et sans aucun présage :
Un vent soudain furieux ! Un gigantesque orage
Se déversant en trombe au-dessus de nos têtes !
Et le sauve-qui-peut, la poudre d’escampette
Devant des flots hurlants, déchaînés, en troupeau !
Nous avons dû filer pour sauver notre peau :
Le temps d’escalader – Oh ! nos pauvres mollets…
De glisser, déraper, et nous étions trempés,
Sans sac, sans clés, sans sous, et pratiquement nus :
Arrivés tout en haut, nous avions tout perdu !
Nous avons dû rentrer en stop et en maillot
Sous une pluie battante et le coeur vraiment gros…