La côte arrondie est déserte
Sous la ronde lune de mai
Baignant d’une lumière verte
Le sable aux reflets argentés.
Là-bas une barque s’approche
Comme un squale au coeur de la nuit,
Et louvoyant entre les roches
Elle accoste sans aucun bruit.
A l’intérieur, comme hébétés,
De pauvres gens à la peau noire,
Des gens qui semblent tout cassés
Par le carcan du désespoir.
Pas un cri. Même les bébés
Aux grandes prunelles d’étain
Sont silencieux, exténués
Par le roulis, la soif, la faim.
Comment croire que c’est fini,
Qu’on a bien atteint le rivage ?
Mais il faut croire au paradis
Qui commence au bout de la plage !
Là-haut un ange apitoyé
Efface du bout de son aile
La lune pour mieux camoufler
Les damnés d’un lointain Sahel.