Poème illustré par un tableau de :
Jean-Baptiste Santerre
(1658-1717)
Il a posé sa main sur sa main délicate,
Et douce était sa peau, lustrée comme un satin ;
Epiderme soyeux d’une rose incarnate
Emperlée de rosée par le petit matin.
Il a posé sa main sur sa joue de velours,
Et lisse était sa peau qu’aucun fard ne maquille :
Polie comme le sont ces trop vieilles amours
Dont les folies d’antan à tous vents s’éparpillent.
Il a posé sa main sur son épaule ronde,
Et douce était sa peau, telle un beau taffetas
Venu de l’Orient ou d’un tout autre monde
Dont le soleil de cuivre a un étrange éclat.
Il a posé sa main sur un petit sein blanc,
Et lisse était sa peau, tout comme la soierie
Moulant en plis serrés son jeune corps troublant
Que le jour déclinant parait de broderies.
Il a posé sa main là où jamais personne
N’avait encor osé… Elle l’a rembarré,
Il a donc renoncé. Mais depuis lors résonnent
En son coeur orphelin mille et mille regrets.