Au-dessus de Lambesc une blanche fumée
S’envole vers le ciel où flotte un seul nuage :
Résille arachnéenne et délicat filet
Qui voltige et qui danse au-dessus du village
Encor ensommeillé. Il n’y a pas de vent :
Elle essaie d’aller droit, mais parfois s’entortille
Sous un souffle impromptu ; et alors – chaud devant !
Il lui faut batailler car elle s’éparpille…
Elle est née ce matin au cœur d’une maison
Où ronfle un feu d’enfer. Son ellipse odorante
Aspirée par l’azur est belle, au diapason
De cette matinée si douce et apaisante.
Elle va donc tout doux vers le nuage en coeur
Posté juste au-dessus et qui semble l’attendre ;
Tout rond et tout dodu, joli comme une fleur
Emplie jusqu’à ras bord d’une rosée très tendre.
La fumée va s’y perdre en y laissant la vie,
D’autant qu’à la maison les flammes sont éteintes…
Une jolie fumée qui s’élève et bleuit
Le ciel pur du Midi sans y laisser d’empreinte.