Poème illustré par une peinture de :
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Dormir au bord de l’eau quand le soleil hardi
Commence à picoter de ses millions d’aiguilles
Une peau blanche encor, quand on se déshabille
Voluptueusement ; supporter à midi
D’être sans vêtements sur la plage encor vide ;
Profiter pleinement de la prime chaleur
Point encor trop ardente et dont on n’a pas peur
Tant elle est attendue ; redécouvrir, avide,
La douceur, la lumière et des jours bien plus longs ;
Attendre de la vie tout un tas de surprises,
Comme celle incongrue de s’être ainsi éprise
D’un parfait étranger, dont les larges yeux blonds
Paraissent contenir tous les plaisirs du monde ;
Se sentir en osmose avec cet inconnu,
Avoir le sentiment de l’avoir reconnu
Et de l’avoir trouvé à des mille à la ronde ;
Jouir de ce bonheur en ne pensant qu’à lui,
Isolée sur la plage encor abandonnée ;
Rêver intensément à cette randonnée
Qu’on va tenter ensemble au long cours de la vie ;
Puis se plonger enfin dans cette eau encor fraîche
N’appartenant qu’à soi dans le petit matin ;
Essuyer en riant le délicat satin
D’une peau dénudée où le mistral assèche
Le sel un peu poisseux déposé par la mer ;
Aimer passionnément cette saison nouvelle
Où de joyeux projets naissent en ribambelle ;
Oublier au plus vite un passé trop amer…