Poème illustré par un fragment de :
« La mort de Chatterton »
Tableau de Henry Wallis (1856)
Lové comme un fœtus au sein chaud de son lit
Où il gît replié et en chien de fusil,
Jean rêve à son histoire et songe à ses ratages.
Il n’existe ici-bas pas de grand rattrapage ;
Il va donc partir seul sans en faire un tapage.
Sa vie fut un fruit sec, terne fut son destin !
Il lui semble pourtant n’être encor qu’au matin
De ses jours pâlichons tellement monotones :
Du néant grisailleux, des incidents atones…
Dehors le ciel est gris comme un ciel gris d’automne
Pesant sur la maison tout comme sur son âme.
Il n’y a dans sa vie nul ami, nulle femme,
Ni aucune famille. Il est seul ici-bas,
Sauf Anita, parfois, pour de mornes ébats !
Personne dans sa vie si ce n’est Jo, son chat…
Son chat tout près de lui, qui s’insère et s’enroule
Dans le creux de son cou, tel une douce boule,
Pelotonné en rond comme il le fait toujours.
Son chat toujours fidèle et qui, jour après jour,
Lui voue discrètement un silencieux amour.
Jean se sent tout honteux, car il est responsable
Du petit animal, si tendre et si aimable.
Comment pourrait-il donc abandonner ainsi
Ce Jo si innocent et maintenant assis,
Inquiet, sur sa poitrine ? Il est son seul ami…
Ne t’en fais pas, mon chat ! L’on va continuer
Cette vie assommante et sans grand intérêt.
Tout ça n’aura duré que le temps d’un soupir,
On va se délabrer et se sentir vieillir…
Impossible pourtant de te faire souffrir !
Lové comme un fœtus au sein chaud de son lit
Où il gît replié et en chien de fusil,
Jean rêve à son histoire et songe à ses ratages.
Il n’existe pour lui qu’un seul vrai rattrapage,
Il lui faut prolonger cet ennuyeux voyage…