Illustré par un tableau de :
William Turner
(1775-1851)
La Méditerranée ronronne sur le sable
De la plage engourdie par le premier soleil
Dodelinant tout doux sur l’horizon vermeil.
Tout est calme et serein : il paraît impensable
Que cette mer en paix soit la même qu’hier :
La frondeuse enragée hululant sa folie,
S’acharnant sur la côte qu’elle a démolie,
Erodée, tabassée jusqu’aux portes de Hyères !
Elle est pour le moment telle un lac impassible,
Très finement ridée par des plis argentés
Qui caressent les quais juste un peu dérangés
Par ses excès d’un soir. Se voulant invisible.
Mais au coeur de son gouffre en un monde insondé
Copulent deux dragons, monstres indécelables
Recélant en leur sein la puissance incroyable
De millions d’engins sur le point d’exploser :
Deux failles ignorées à l’énorme puissance
Qui vont se dévorer tout en faisant sombrer
Tout autour d’eux le monde. Un séisme insensé
Va ravager un jour toute notre Provence !
Mais ce matin la mer n’est qu’énorme douceur,
Etirant son échine ardoise sur le sable.
Le soleil cligne un peu, le temps est admirable !
Oubliés les visions, le bruit et la fureur…