Tout en haut du Cimet flottent quelques nuages.
J’aimerais que l’un d’eux accepte d’accueillir
Mon cœur désenchanté quand je devrai mourir,
Allergique à la Terre usée par tant d’outrages
Qu’elle se meurt aussi par la faute des Hommes.
Je choisirai le rose, où le soleil couchant
S’en vient se reposer, lassé et languissant
Avant d’aller dormir. Et j’y serai tout comme
Une goutte de pluie noyée parmi ces âmes
Réfugiées comme moi dans ce lit tout mousseux.
Oh, comme on sera bien, nichés non loin des cieux,
Et près d’un doux soleil ayant éteint ses flammes !
Du monde on ne verra que les beaux paysages,
Grâce à l’éloignement, l’Homme réduit à rien
Paraîtra tout petit. Et ce sera fort bien
D’oublier à jamais qu’il a souillé l’image
Si parfaite au début de l’harmonie terrestre.
Le Cimet rougeoiera ; j’oublierai les méfaits
De mes frères humains et tout sera parfait
Comme le fut en-bas le grand décor rupestre.
Symbiose totale avec cette nature
M’exposant sa beauté ! Toute pelotonnée
Au creux d’un nid si doux, je verrai étonnée
Le monde enfin lavé des immondes souillures
Et de la pollution que l’Homme y a créées.
On ne voit rien d’en haut, surtout pas les détails
De la modernité, de tout cet attirail
Sinistre se glissant jusqu’au fond des vallées !
Il n’y aura plus rien sur mon nuage rose
Que la lumière ocrée du soleil qui s’endort.
Le paysage en-bas sera moucheté d’or
Et j’oublierai enfin ce monde si morose.