Il fait encore nuit quand Magali s’éveille.
Elle n’allume pas pour protéger ses yeux
De l’éblouissement. Au dehors le soleil
Affûte avec ardeur ses premiers rayons bleus
Avant de se lever, car il a décidé
Que pour lui aujourd’hui serait un jour de gloire.
Mais c’est encor trop tôt. Cinq heure(s) à vue de nez !
Il n’est pas encor temps de fêter sa victoire.
Il fait même un peu frais et Magali remet
Sur ses épaules nues sa couette de coton.
Elle a dû s’agiter : son drap est chiffonné,
Froissé par le chagrin. Des rêves à la con ?
Elle a tout oublié; elle veut oublier ;
Oublier qu’elle est seule au milieu de son lit.
Mais son grand regard bleu se met à larmoyer :
Est-il vrai qu’il existe un mot nommé « oubli » ?
Les pleurs ne sont pas loin quand Magali tressaille :
Un petit corps bien chaud vient de se faufiler
Entre jambes et drap. C’est son chat qui l’assaille
Avec moults câlins pour la réconforter.
Il s’est glissé tout doux jusqu’au creux de l’épaule ;
Son petit crâne rond posé contre sa joue,
Il la lèche en ronflant. Adorable bestiole
Qui n’a que son amour pour effacer sa moue !
Sourire revenu, émue par sa tendresse,
Elle le pousse un peu tant sa langue est râpeuse ;
Lové contre le coeur si chaud de sa maîtresse,
Il ronronne si fort que peu à peu son stress
Se fait moins angoissant. Et bientôt elle rit
Quand sa moustache aiguë en vibrant la chatouille.
Lors, passant son index sur le pelage gris
De son ventre soyeux, Magali le grattouille.