Le temps est vraiment doux ce matin à Salon.
Des martinets pointus plongent vers l’Empéri
Tels des missiles noirs qui trillent à grands cris.
Le mois d’avril tout neuf vient de naître et sent bon.
Le Val de Cuech est vert et ses immenses pins
Crachotent tant et plus un pollen impalpable :
La terrasse en est jaune, et le banc, et la table…
C’est ainsi chaque année ! Sur le bord du chemin,
Déjà des mousserons, des orchis, des pervenches ;
La vie grouille partout. Dans le sein de la terre
Les cigales larvées mûrissent : un mystère
Qui n’éclora qu’en juin, quand le grand soleil penche
Au-dessus du Midi. Mais pour bien peu de temps…
Allons ! Foin des idées et des images sombres !
Pensons à la lumière ; oublions vite l’ombre
Qui s’enfuit emportée par l’hiver. Le printemps
A posé sur la ville un voile lumineux.
Le soleil revenu retrouve ses rondeurs,
Aiguise ses rayons, plein de fougue et d’ardeur,
Flottant comme un ballon dans le clair ciel tout bleu.