Poème illustré par un tableau de :
Armand Feldmann
www.armandfeldmann.com
Les persiennes fermées sont comme les paupières
Innombrables et bleues du village endormi.
Il est vraiment très tôt ; le jour est encor gris
Et des lambeaux de nuit tamisent la lumière.
Les voitures couvertes d’un voile argenté
De brume et de rosée sont garées sagement
Tout au long du trottoir. Une bribe de vent
Présage un grand mistral pour toute la journée ;
Pour le moment ça va ; ce n’est qu’une caresse
Qui ne perturbe pas le silence pesant
D’une aube provençale. Un chaton triomphant
Déambule tout seul ; sa longue queue se dresse
En point d’exclamation. Il va par la grand’rue
Dont les pavés disjoints luisent sous le ciel bleu ;
Il est tout seul au monde, inconscient et gracieux,
Et trottine gaiement, fragile hurluberlu.
C’est vrai qu’il est très tôt, et le premier soleil
Dont les rayons s’agripp(ent) aux pentes du Baou
Rend ses contours rugueux et raides un peu flous.
Car il n’est que six heure(s) et Saint-Jeannet sommeille…