Les deux astres

rue pavée

Un voile de brouillard enveloppe les quais
De ses volutes bleues. Le port est désertique
Sous l’haleine glacée du souffle chlorotique
De l’hiver qui s’en vient, bien trop tôt débusqué.

Les courbes de vapeur s’enroulent lentement
Tout autour du gréement des barques amarrées
Qui oscillent en choeur. Leurs voiles chamarrées
Se reflètent en gris sur les vagues d’argent ;

Les mâts griffent le ciel où un pâle soleil
Essaie de s’immiscer en transperçant la brume.
Clignotant çà et là, quelques lampes s’allument,
Qui tachent le pavé d’un lumignon vermeil.

Les quais sont savonneux : un gel prématuré
Les a rendus glissants. Il brillent sous la lune,
Comme cirés de frais par l’encaustique brune
Qui semble dégoutter de l’astre mordoré.

La lune ou le soleil ? Il fait quasiment nuit.
Voilé par le brouillard, le port est bien tranquille,
Amarré dans l’hiver tout au bout de la ville.
Les bateaux tanguent doux, et le ciel sombre luit

Sous les deux astres gris au dessus des voiliers :
Un très pâle soleil, une lune bien ronde !
Pour une fois ensemble, ils éclairent le monde
De la douce lueur qui en fait des alliés…

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
Ce contenu a été publié dans Hiver, Méditerranée. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.