Lambesc

Il est si bien lové au coeur de la Provence
Que l’église elle-même y chante “avé l’assent”.
C’est une vieille ville épargnée par l’outrance
Apre et désespérée du monde environnant.

Sa Rue Grande repeint peu à peu ses façades
D’ocres méridionaux et de roses flambants.
Les géraniums dorés qui tombent en cascades
Font flamboyer les murs effrités par le vent.

 Il y fait calme et bon, la vie y coule douce
Au pied du Jacquemart qui cadence le temps.
Rien n’y peut arriver, ni drame ni secousse,
Ni fol événement . Et pourtant, et pourtant …

Sous les pavés rosés des ruelles ombreuses,
Sous les vieilles maisons datant du roy René,
Sous l’antique lavoir, les places besogneuses,
Gît un monstre* endormi dont on a oublié

Qu’un jour il s’éveilla, secoua son échine ,
Et s’en vint ravager le village assoupi.
Il blessa, trucida. Il ne laissa que ruines,
Et puis il retourna vers son antre moisi.

Il peut dormir ainsi pendant quelque mille ans
Et le temps semblera l’avoir enseveli.
L’on n’y pensera plus tant on est confiant.
Tout n’est-il pas serein ? La ville n’est qu’oubli …

*Le terrible séisme de Lambesc du 11 juin 1909

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
Ce contenu a été publié dans Chez nous, Cités provençales. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Lambesc

  1. Alain Balbo dit :

    Magnifique, chère Vette !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.