Sonnet illustré par un autoportrait de :
Van Gogh
(1853-1890)
Un fantôme ivre et roux erre par les ruelles
Et sa vie d’autrefois le suit, désespérée.
Quelquefois il trébuche, et un sanglot rouillé
Ricoche sur les murs peints de teintes pastel.
Il ne reconnaît plus ces pimpantes venelles,
Ces trottoirs bien lavés, ces places trop rangées.
Il va droit devant lui et se sait condamné
A divaguer sans fin. Arles lui est cruelle.
Mais là-bas sur un mur c’est son propre portrait,
Avec son air hagard, ses tristes traits tirés.
Sur le panneau l’on dit qu’il était un génie.
Alors l’ombre gris-bleu aussitôt diluée
S’est enfin confondue avec son effigie
Et son âme est montée vers un ciel apaisé.