Posé sur le Cimet, il était un nuage
Friselé et crépu comme un bon gros mouton,
Aussi léger et blanc que duvet de coton…
Laissé sur le sommet par le dernier orage,
Il paissait le ciel bleu, accroché à la pente,
Quand il sentit en lui sourdre un très grand désir :
Celui de vivre enfin, de descendre et de fuir
Ce piton trop tranquille à l’inertie crispante.
Lors, tout gonflé d’audace, il se mit à descendre
Vers la vallée plus bas et son monde inconnu,
Délaissant la montagne et ses espaces nus
Pour la douce verdeur d’un monde bien plus tendre.
Sous le passage bleu de sa fraîcheur mousseuse,
Tout à coup rénovée, l’herbe se redressait
En petits traits bien drus, fermes et hérissés
Par l’étreinte mouillée de l’onde nuageuse.
Lorsqu’elle fut en bas, l’audacieuse nuée,
Un peu trop excitée par l’odeur du printemps
Se résolut à prendre encor plus de bon temps.
Mais se sentant quand même un peu diminuée,
Il lui vint tout à coup l’idée d’une baignade
Pour se régénérer, regonfler sa vapeur.
Le propre d’un nuage est qu’il n’a jamais peur,
Que pour lui se baigner n’est qu’une guignolade !
L’Ubaye roulait par là. Aussitôt attiré,
Le nuage imprudent s’approcha de la rive,
Ignorant le tonus printanier de l’eau vive
Qui sans nulle pitié pouvait le digérer…
Mais il s’en fichait bien ! Il fut happé par l’eau
Et changé sur le champ en blanches vaguelettes ;
Puis sous l’aspect sympa de mille gouttelettes,
Entraîné vers la mer pour rejoindre les flots…
Bercé et cahoté, il devint une vague
Chauffée par le soleil qui le but peu à peu
Pour le ré-expédier vers l’immense ciel bleu
Où tout revigoré par l’air pur il divague.
Un très beau poème parmi tant d’autres Vette. J’aime beaucoup ta façon de raconter la nature et ses éléments.
J’en profite pour te souhaiter une bonne et heureuse Année 2017.
Eric
Merci, Eric. Bonne année à toi aussi. Continue à laisser danser ton merveilleux pinceau…
Bravo l’artiste! Sympa comme tout
ton petit nuage….