Le crocus et l’oiseau

Un crocus a jailli de l’édredon de neige
Où il dormait encor pour goûter au soleil ;
Le versant escarpé où les flocons s’agrègent
Brille de mille feux sous son disque vermeil.

La fleur est la première à fêter le printemps
Tout prêt à rénover la vie dans la montagne.
Mais un petit oiseau s’ébouriffe en chantant,
Tout gonflé de bonheur. Son gazouillis témoigne

Qu’il sait bien lui aussi que le temps est venu !
Le temps du renouveau, de l’herbe qui repousse
Pour couvrir prestement la froideur du sol nu
Des petits brins serrés de ses millions de pousses.

L’oiseau et le crocus prient à leur façon
La Nature engourdie qui tout juste s’éveille :
La fleur par sa beauté, l’oiseau par sa chanson.
Ils explosent de joie, et tous deux s’émerveillent

Que le soleil enfin reprenne le flambeau.
En hiver, comme un traître, il leur est infidèle
Et s’en va dans le Sud, où par monts et par vaux
Il oublie le Midi pour des pays plus chauds.

Mais il est revenu, bourrelé de remords,
Amenant avec lui un Printemps juvénile
Tout prêt à terrasser la froidure et la mort,
En boutant de l’Ubaye l’hiver quasi sénile

Désormais impuissant face à tant de jeunesse.
Le crocus et l’oiseau frémissent d’allégresse…

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
Ce contenu a été publié dans Hiver, La Haute Provence, Printemps, Zooland. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Le crocus et l’oiseau

  1. André Faure dit :

    Que j’aimerais, Madame, avoir votre talent. Dire les choses simples avec autant de justesse. Merci

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