Poème illustré par un tableau de :
Marc Chagall
(1887-1985)
Ils s’en vont tous les deux partir pour l’inconnu.
Prendre leur baluchon et agrafer leurs ailes,
Et puis s’envoleront comme deux tourterelles
Pour franchir tout là-bas l’horizon courbe et nu.
Ils s’en vont pour un temps délaisser leur Provence,
Rejoindre des contrées où un vent chaud et doux
Leur fera oublier les braiments aigre-doux
Du mistral les saoulant par son outrecuidance.
Voler vers un rivage au climat un peu mou
Tout saturé d’odeurs, avec des fleurs si belles
Qu’elles leur paraîtront quelquefois irréelles
Comme fleurs de papier. Découvrir les remous
D’un fleuve délirant charriant tant de lumière
Qu’il les éblouira, les menant vers ces lieux
Où naissent les ondins. Naviguer en des cieux
Peints de mille arcs-en ciel illuminant des terres
Encor inexplorées où des êtres curieux,
Peinturlurés d’azur et chamarrés de plumes,
Dansent comme des chats quand la lune s’allume
Dans le ciel bleu foncé où clignotent des yeux :
Les astres disparus qui cillent sur la toile
D’un ciel bleu indigo ! Retrouver ce canyon
Où naît un océan dont l’insondable fond
S’est à jamais perdu au pays des étoiles…