La mer est toute plate, interminable mare,
Et le soleil là-haut semble immobilisé.
A-t-il serré les freins pour qu’enfin maîtrisé,
Le Temps soit obligé d’arrimer ses amarres ?
Pitoyable illusion ! Le soleil est un fourbe
Qui poursuit sans arrêt son macabre parcours,
Cramant de plus en plus sur un chemin trop court
Nos pauvres corps flétris. Et nos dos qui se courbent
Penchent de plus en plus vers l’ultime destin…
L’eau est comme engourdie. Sur un haut belvédère
S’élève une maison dont la beauté sidère
Quiconque peut la voir dans le petit matin.
Une seule maison ? Non ! Il y en a deux :
Celle perchée là-haut au bord de la falaise
Mais qui semble fragile : on ressent un malaise
En la regardant mieux ; et celle que le bleu
De la mer a captée au pied du promontoire.
Mais laquelle est la vraie ? La maison sur le ciel ?
Celle calquée sur l’eau d’un azur irréel ?
Le reflet est-il vrai, son modèle illusoire ?
La villa tout là-haut peut être une imposture,
Son ombre sur les flots la vraie réalité,
Bien qu’elle laisse croire à sa stabilité !
Mais son reflet frémit quand sa frêle toiture
Est soudain ballottée. Pas du tout la maison !
Vous, que préférez vous : le rêve ou la raison