Temps pourri

Depuis quelque huit jours le temps est détestable.
Marseille enchifrenée patauge à qui mieux mieux
Dans des flaques de boue ; et sous son ciel pluvieux,
La ville mal en point se traîne lamentable,

Tout aussi engourdie qu’une ville du Nord.
La mer se mêle au ciel. Le Vieux Port qui s’ennuie
Balance ses bateaux que flagelle la pluie ;
L’on dirait qu’alentour le monde entier est mort.

Ce salaud de printemps qui oublie la Provence
Semble depuis deux mois avare d’un soleil
Qu’on croirait assommé par un profond sommeil.
Il est terne, il est gris, et sa quasi-absence

Transforme la cité qu’on ne reconnaît plus,
Marseille réfractaire à l’étrange grisaille
Qui assombrit ses rues, dos rond sous la mitraille
De l’eau qui pétarade. Aujourd’hui il a plu

Sans discontinuer cinq heures d’affilée.
Des passants essoufflés courent, pressant le pas,
Et des torrents de boue dévalent jusqu’en bas
Les collines pentues que la pluie a voilées

De grands pans de brouillard. Où donc est ce printemps
Qui devrait ranimer notre belle Provence
Veuve de son soleil et mourant d’impatience ?
Le mois de mars est là, qui vainement l’attend.

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
Ce contenu a été publié dans Marseille, Méditerranée, Printemps. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *