Requiem pour une feuille de figuier

Au coeur de son figuier, elle se sent malade :
Fatiguée par l’été, son énorme chaleur ?
Le temps qui s’affadit efface la couleur
De l’herbe du jardin qui souffre de pelade ;

Les roses sont fanées, le soleil semble mou,
Et les branches de l’arbre ont bien curieuse allure,
Toutes tachées du gris de tristes tavelures.
Autour d’elle la feuille a remarqué des trous :

Ses sœurs ont disparu. Oh, mon Dieu ! Où sont elles ?
Tout paraît transformé dans ce maudit jardin,
Son havre bien-aimé. Et quel est le gredin
Qui a chassé du ciel le vol des hirondelles ?

La feuille se sent faible, et elle a bien du mal
A rester accrochée tout au bout de sa branche ;
Quel sera son destin si trop faible elle flanche ?
C’est alors qu’a soufflé un monstrueux mistral…

La pauvre a résisté, mais qu’est un pédoncule
Fatigué et vieilli face à l’horrible vent ?
Il l’a donc arrachée, et, fou récidivant,
Il l’a déchiquetée en fragments minuscules.

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
Ce contenu a été publié dans A la maison, Automne, Chez nous. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Requiem pour une feuille de figuier

  1. Balbo Alain dit :

    Magnifique, chère Vette !

  2. Merci, Alain ! J’aime bien qu’on aime mes poèmes…( ici, emoji qui cligne de l’oeil )

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.