Oh ! Ne nous quitte pas…

J’ai enfin entendu ma première cigale !
C’était le vingt-trois juin : elle était en retard
Comme l’année dernière. Elle qui se régale
Des rayons du soleil vient-elle un peu plus tard

Criqueter en Provence, à cause de ce monde
Qu’elle ne comprend plus, toujours plus dégradé ?
C’est donc la pollution, cette souillure immonde
Salissant notre vie qui l’aurait retardée ?

Pourtant elle l’attend, cette énorme lumière
Fusant du ciel d’azur censément inchangé !
S’en méfierait-elle, intuitive et dernière
A naître en ce Midi où sourd un tel danger ?

Ne fais-tu point partie d’une très longue histoire,
Cigale tant aimée  ? Nous voulons te garder,
Entendre chaque jour ton cri-cri, la mémoire
Du temps où rien encor n’était trop dégradé. !

Dégradé, dégradé… Ce mot que je répète,
Il ne faut pas, cigale, ouïr sa malignité.
Crisse ton chant d’amour, chère petite bête :
Nous avons tant besoin d’encore t’écouter !

Non ! Ne nous quitte pas, car tu es le symbole
Des étés d’autrefois, celui des vrais étés.
Continue d’encenser ton immuable idole*,
Même s’il en fait trop, quitte à tout dévaster…
* Le soleil !

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
Ce contenu a été publié dans La Provence au coeur, Le début de l'été, Le soleil-lion, Zooland. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

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