Marseille l’embrumé

Marseille est mal à l’aise. Une brume malsaine
L’enveloppe de gris depuis plusieurs matins,
Et la ville oppressée que cette ouate éteint
Semble sous le brouillard tout à coup moins humaine.

Les voix sont étouffées et les formes floutées
Par ce voile angoissant qui rend tout incertain.
La Méditerranée, terne et couleur d’étain,
Est molle sous son lit de vagues avortées.

Cet hiver qui éclot s’avère bien fantasque !
Très peu habitués à ce temps ténébreux,
Les Marseillais frustrés sont aussi malheureux
Que lorsque le mistral se déchaîne en bourrasques

Semblables aux typhons soufflant sous les Tropiques.
Vont-ils perdre leur ciel et son bleu d’outremer,
Leur soleil éclatant même au cœur de l’hiver,
Cette joie d’exister tellement atypique ?

Le soleil est pâlot comme l’astre lunaire,
Tamisé et flouté par cette humidité
Qui a tout détrempé et l’a emmailloté
Comme un pauvre corps mort dans un triste suaire.

Pitié, de la lumière ! On n’a pas l’habitude
Et notre ville lasse et triste n’en peut plus.
Le beau temps nous a fui. Aurions-nous donc déplu
A force d’insouciance  et de cette attitude

Désinvolte et outrée attachée à Marseille ?
Nous reprocherait-on cette légèreté
Confinant trop souvent à la futilité ?
Devrons-nous donc changer ? C’est pas demain la veille !

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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