Poème illustré par un tableau de :
Georges Binet
(1865-1949)
Comme un étron séché, c’est grisâtre, épineux :
Un rameau de bois mort dans une jardinière ;
Mais si l’on gratte un peu, l’on voit un peu de vert
Qui luit sous son écorce où pointent quelques yeux.
Le soleil est radieux, et l’été enfin là
Ressuscite la vie partout où elle gît.
Du rameau rabougri quelque chose a jailli :
Un petit plumet rouge, un clin d’oeil, un éclat…
Puis ce sont des soupçons de boursouflures rousses
Qui deviennent bourgeons au bout de quelques jours ;
Minuscules rejets tout ourlés de velours,
Ils se déploient bientôt en feuillure qui pousse,
Et pousse et pousse encor jusqu’à couvrir la branche.
Le feuillage est costaud, et si vert et si dru
Que s’y lovent bientôt de longs boutons pointus
Comme des fers de lance. Et l’arbuste qui penche
Se couvre peu à peu de fleurs en pleine gloire.
La nature a gagné ; lou broco desséché,
Contre tout pronostic, s’est mué en rosier
Qui sent bon le soleil dans la brise du soir.