L’Ophélie des neiges

 

Dans un vallon perdu pas bien loin de Peyroules,
La neige accumulée en couches infinies
S”est enfin mise à fondre. Et l’eau claire qui coule
Des grands mélèzes bleus chuinte comme la pluie.

Du lourd linceul qui fond émerge un doux visage
Encadré de cheveux que des piques de glace
Constellent de cristaux. Et pas un seul outrage
N’en altère les traits, la blondeur et la grâce :

Elle est belle et très pâle ainsi qu’une sirène,
Une ondine du froid perdue depuis longtemps
Tout au fond du vallon ; et de très fines veines
Strient ses mains bleuies par le froid et le temps.

Tamise tes rayons, Soleil ! Que ta tiédeur
Ne vienne pas corrompre et dissoudre ce corps
Qui tel une statue a évité l’horreur
De la dégradation immonde de la mort.

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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